Après l’échec avoué du dispositif “mon soutien psy” lancé en avril 2022, l’heure est aux réengagements. Lors de son discours de politique générale, le premier ministre a donc déclaré, devant l’Assemblée Générale, vouloir réformer les aides psychologiques apportées aux jeunes. Une promesse inévitable et attendue face à la détresse psychique vécue par ces derniers depuis la pandémie de Covid-19.
Quand une pandémie en entraîne une autre. Des angoisses à l’anxiété, aux épisodes dépressifs et troubles de l’humeur en passant par des pensées ou gestes suicidaires, depuis septembre 2020, la santé mentale des adolescents et jeunes adultes (11-24 ans) se dégrade de manière persistante, expose Santé Publique France.
En 2023 et au sein de la tranche d’âge des 11-17 ans, le nombre d’idées suicidaires étaient à “un niveau supérieur aux années précédentes”.
Chez ceux âgés de 18 à 24 ans, "la hausse (des recours aux soins d'urgence, ndlr) s'est même poursuivie de façon marquée en 2023", comme souligné dans l’étude publiée le 9 octobre dernier. Cette classe d’âge était également concernée à 20,8% par la dépression en 2021, contre 11,7% en 2017.
L’agence sanitaire s’est ainsi emparée du dossier à plusieurs reprises depuis la pandémie, cette fois à l’aide de données de surveillance récupérées au sein des urgences hospitalières du réseau OSCOUR, des associations SOS Médecins et des données d’enquêtes fournies par le baromètre SPF.
Elle affirme notamment que les recours aux soins d’urgence pour ces troubles "ont fortement augmenté en 2021 puis 2022, pour rester depuis à un niveau élevé".
“Des mesures claires et immédiates”
“Des mesures claires et immédiates”, voici ce qu’à promis le nouveau premier ministre, mardi 30 janvier 2024, pour rétablir la santé mentale des jeunes français. Il a également ajouté vouloir “faire de la santé mentale de notre jeunesse une grande cause de l’action gouvernementale”. Mais concrètement, qu’à-t-il décréter ?
- La “rénovation de fond en combles” du dispositif Mon soutien psy qui permet aux personnes dans le besoin d’accéder plus facilement à des soins d’ordre psychologique.
→ Il n’y aura plus besoin de demander une ordonnance de consultation de la part d’un médecin pour accéder à une séance, remboursée par le dispositif, chez un psychologue.
→ Le tarif de la consultation remboursée sera augmenté pour “éviter le reste à charge pour les jeunes patients et leur famille.”
- L’installation d’une maison des jeunes par département (au lieu de 50 pas assez réparties aujourd’hui.)
- Une “meilleur reconnaissance de l’engagement des infirmiers scolaires”
→ En augmentant les recrutements dans ce secteur
→ En leur offrant une prime exceptionnelle de 800e, ainsi qu’une revalorisation salariale de 200e net par mois “à compter de cette date”.
Un plan apparemment “bien reçu par la profession”, relate le journal Le Parisien. Même si au sein de leur article publié le 31 janvier dernier, Hélène Roques, directrice de Notre avenir à tous suggère tout de même “d’étudier la possibilité qu’un mineur consulte sans accord parental, dans le cadre scolaire”. Une indication non sans fondement quand Santé Publique France publie que “chez les 18-24 ans, les principaux freins à la consultation d’un “psy” sont le prix de la consultation, la difficulté à se confier ou la crainte de ce qu’ils pourraient découvrir sur eux, et la peur que l’entourage l’apprenne”.
Ecrit par Pauline Guilcher