Les femmes en situation de handicap face aux inégalités d’accès aux soins gynécologiques

L’accès aux soins gynécologiques est un droit fondamental pour toutes les femmes. Pourtant, en France comme ailleurs, les femmes en situation de handicap rencontrent encore d’importantes difficultés pour bénéficier d’un suivi médical adapté à leurs besoins. Manque d’accessibilité des cabinets, manque de formation des professionnels de santé, invisibilisation des besoins spécifiques : autant de barrières qui rendent ce parcours du soin semé d’embûches. Si certaines initiatives commencent à émerger, le combat pour un accès équitable aux soins est loin d’être gagné.

Un accès aux soins gynécologiques encore trop limité

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon une étude de l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, seulement 58 % des femmes en situation de handicap déclarent avoir un suivi gynécologique régulier, contre 77 % dans la population générale. Pire encore, 85,7 % d’entre elles n’ont jamais réalisé de mammographie et 26 % n’ont jamais effectué de frottis, des examens pourtant essentiels dans la prévention des cancers féminins.

L’un des premiers freins réside dans l’accessibilité physique des structures médicales. De nombreux cabinets médicaux ne sont pas équipés pour accueillir des patientes à mobilité réduite : absence de rampes d’accès, tables d’examen inadaptées, manque d’espace pour circuler avec un fauteuil roulant… Ces obstacles matériels découragent de nombreuses femmes de consulter.

Mais l’accessibilité ne se limite pas aux infrastructures. Le manque de formation des professionnels de santé sur les spécificités du handicap constitue un autre problème majeur. Certaines patientes témoignent d’un manque de bienveillance, d’une méconnaissance des pathologies associées au handicap, voire de propos infantilisants ou culpabilisants. Cette absence de sensibilisation renforce un climat de défiance et pousse certaines femmes à renoncer à des soins pourtant essentiels.

Des initiatives en faveur d’une meilleure santé menstruelle

Face à cette situation préoccupante, plusieurs initiatives ont vu le jour pour améliorer l’accès aux soins gynécologiques des femmes en situation de handicap. En France, le programme Handigynéco, lancé en 2016 en Île-de-France, propose des consultations spécialisées dans des établissements médico-sociaux. L’objectif est d’aller directement à la rencontre des patientes et de leur offrir un suivi adapté.

Certaines structures hospitalières commencent également à s’équiper en matériel spécifique, notamment des tables d’examen réglables en hauteur, facilitant ainsi les consultations. Par ailleurs, des associations militent activement pour une meilleure intégration des consultations gynécologiques dans le parcours de soins des femmes en situation de handicap, afin qu’elles ne soient plus perçues comme une exception mais bien comme une nécessité.

Un accès aux soins bafoué pour les femmes

Malgré ces avancées, le chemin vers une égalité réelle reste long. L’accès à la contraception et aux soins liés à la sexualité demeure encore trop souvent conditionné par l’entourage familial ou institutionnel, limitant l’autonomie des femmes concernées. Par ailleurs, la peur du jugement et les expériences de discrimination dans le milieu médical poussent encore de nombreuses patientes à éviter les consultations.

Garantir un accès égalitaire aux soins gynécologiques pour les femmes en situation de handicap nécessite une action coordonnée à plusieurs niveaux. Sensibilisation et formation des professionnels de santé, adaptation des infrastructures médicales, mise en place de dispositifs mobiles pour aller au plus près des patientes : autant de mesures indispensables pour assurer une prise en charge digne et respectueuse.

L’accès aux soins gynécologiques n’est pas un luxe, mais un droit. Un droit qui, aujourd’hui encore, reste inaccessible pour trop de femmes. Il est plus que temps de faire de cette question une priorité de santé publique et de donner à ces patientes la place qu’elles méritent dans le système de soins.

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Écrit par Laure ROUSSELET

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