Vivre avec la fatigue chronique : Témoignage de Morgane

"Je ne m’en sors pas avec du repos ou une bonne nuit de sommeil. C’est comme si je me réveillais chaque matin à 50 % de mes capacités, peu importe combien j’ai dormi", explique Morgane.

À 29 ans, cette femme vit avec une fatigue chronique liée à la fibromyalgie, une pathologie qui impacte profondément son quotidien. Diagnostiquée après un malaise vagal lors d’un travail d’été, elle partage son expérience pour mieux faire comprendre cette condition invisible mais bien réelle.

Qu’est-ce que la fatigue chronique ?

La fatigue chronique dépasse de loin la simple sensation de fatigue que l’on peut ressentir après une journée chargée. Persistante et accablante, elle n’est pas soulagée par le repos ou le sommeil. Cette condition impose une gestion continue des activités et des énergies, affectant autant le corps que l’esprit.

Pour Morgane, cette fatigue est devenue une constante dans sa vie. "Je peux dormir quatre heures ou quatorze heures, mais je me réveille toujours avec cette sensation d'être à moitié épuisée", explique-t-elle. Cette incapacité à se sentir reposée bouleverse son rythme quotidien et exige une adaptation permanente.

Un impact considérable sur le quotidien

Morgane raconte comment cette fatigue chronique a profondément modifié sa routine. Chaque matin, se lever devient un véritable défi. "Parfois, il me faut une heure avant de trouver l’énergie nécessaire pour sortir du lit", précise-t-elle.

Dans le cadre professionnel, cette condition impose des ajustements. Les réunions deviennent particulièrement éprouvantes. "Il m’arrive de lutter pour ne pas m’endormir, même lorsque je fais de mon mieux pour rester concentrée", souligne Morgane. La gestion de son emploi du temps devient une tâche stratégique, où chaque activité est soigneusement planifiée pour éviter de dépasser ses limites.

Sa vie sociale n’est pas épargnée. "Je ne peux pas enchaîner plusieurs soirées comme avant. Tout doit être réfléchi à l’avance, et parfois, malgré tous mes efforts, je dois annuler au dernier moment." Ces contraintes, mal comprises par son entourage, ont parfois conduit à des incompréhensions et à des éloignements.

Un handicap invisible et souvent méconnu

L’un des plus grands défis pour Morgane est le manque de compréhension de la part des autres. Elle évoque les remarques qu’elle entend fréquemment, comme : "Mais tu es jeune, pourquoi es-tu fatiguée ?" ou encore "Tout le monde est fatigué, ce n’est pas grave."

"Il y a un décalage entre ce que les gens perçoivent et ce que je ressens", affirme-t-elle. Ces remarques, bien que souvent prononcées sans malveillance, reflètent une méconnaissance de la fatigue chronique. Ce manque de compréhension rend parfois difficile l’expression de ses besoins et accentue le sentiment d’isolement.

Malgré les défis, Morgane adopte une attitude résiliente face à sa condition. Elle a appris à s’adapter et à trouver des solutions pour gérer son quotidien. "Ce n’est pas une condition facile, mais je dois m’adapter et trouver des moyens pour aller de l’avant", affirme-t-elle.

Un élément clé de cette adaptation est son chien, qui joue un rôle essentiel dans sa vie. "Il m’oblige à me lever, à marcher et à rester active, même les jours où je préférerais rester au lit", confie Morgane.

Elle insiste également sur l’importance de s’entourer de personnes bienveillantes et compréhensives. "Mon médecin traitant et ma famille m’ont beaucoup soutenue. Ils m’écoutent et me prennent au sérieux, et ça fait toute la différence", ajoute-t-elle. Cependant, elle s’inquiète de l’accès futur aux soins adaptés en raison de la pénurie de médecins en France.

Encourager la sensibilisation

Pour Morgane, témoigner est une manière de sensibiliser le public et d’encourager une meilleure compréhension de la fatigue chronique. Elle espère que cela contribuera à réduire les préjugés et à améliorer l’inclusion des personnes touchées.

"Ce n’est pas parce que c’est invisible que ce n’est pas réel. Tant qu’on n’en parlera pas, rien ne changera", explique-t-elle.

Elle plaide également pour une meilleure éducation des employeurs et des collègues des personnes concernées: "L’adaptation et la flexibilité au travail peuvent transformer le quotidien des personnes comme moi. Il suffit de comprendre que chaque jour est différent et que nos besoins varient."

Morgane conclut par un message encourageant pour ceux qui vivent avec une fatigue chronique : "Même si cette condition est handicapante dans la société actuelle, il est possible de trouver des moyens pour avancer. Il faut rester optimiste, apprendre à connaître ses limites et poser les siennes."

Son témoignage met en lumière les défis invisibles mais bien réels de la fatigue chronique. Il rappelle également l’importance d’une société inclusive, où chaque différence est reconnue et respectée.

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Écrit par Laure ROUSSELET

*Source image: Banque d'images libre de droits - CANVA

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