Le 11 février 2025 marquait les 20 ans de la loi handicap, une réforme censée garantir une scolarisation inclusive pour tous les enfants en situation de handicap. Si des avancées notables ont été réalisées, de nombreux défis persistent, notamment en termes d’accompagnement, d’accessibilité et de formation des enseignants.
Une inclusion en hausse, mais encore incomplète
Depuis 2005, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a fortement augmenté. Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, plus de 500 000 élèves en situation de handicap sont aujourd’hui inscrits en milieu ordinaire, contre 155 400 en 2006.
Cette évolution s’explique par le renforcement des dispositifs d’inclusion, notamment les Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire (ULIS), qui permettent d’accueillir des élèves dans les établissements classiques tout en leur proposant un accompagnement adapté. Cependant, les besoins restent supérieurs aux moyens déployés. Dans plusieurs académies, les délais pour obtenir une place en ULIS sont encore longs, et le manque de structures adaptées contraint certaines familles à se tourner vers l'enseignement à domicile ou vers des établissements spécialisés souvent saturés.
Des AESH en nombre insuffisant
Les Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) jouent un rôle clé dans l’intégration scolaire. Pourtant, les effectifs actuels ne couvrent pas tous les besoins. En 2025, on compte 135 000 AESH en activité, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes, mais encore insuffisant pour garantir un accompagnement individuel à tous les élèves qui en auraient besoin.
Par ailleurs, la gestion des AESH via les Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (PIAL), instaurés en 2019 pour mutualiser les ressources, est régulièrement critiquée. Plusieurs rapports institutionnels dénoncent une surcharge de travail pour les accompagnants et une organisation qui ne permet pas toujours de répondre aux besoins spécifiques des élèves.
L’accessibilité des établissements scolaires
La loi de 2005 prévoyait la mise en accessibilité de tous les établissements recevant du public, y compris les écoles. Vingt ans plus tard, seuls 41 % des écoles, collèges et lycées sont pleinement accessibles aux élèves en situation de handicap moteur, selon un rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2024.
Les efforts ont été concentrés sur la mise en conformité des établissements récents, mais de nombreux bâtiments anciens restent inadaptés. L’accès aux salles de classe, aux sanitaires et aux espaces de restauration scolaire constitue encore un obstacle dans plusieurs écoles.
Face à ce constat, le gouvernement a annoncé en janvier 2025 un nouveau plan de rénovation des établissements scolaires, avec une enveloppe budgétaire supplémentaire destinée aux travaux d’accessibilité. Toutefois, les associations de défense des droits des personnes handicapées soulignent que ces mesures arrivent tardivement et risquent de ne pas suffire à rattraper le retard accumulé depuis deux décennies.
Un manque de formation des enseignants
L’inclusion scolaire ne repose pas uniquement sur l’accessibilité physique des établissements et la présence d’accompagnants. La formation des enseignants constitue également un enjeu majeur.
Aujourd’hui, tous les futurs enseignants reçoivent une formation sur le handicap dans leur cursus, mais celle-ci reste jugée trop générale et insuffisamment appliquée sur le terrain. De nombreux enseignants expriment un manque d’outils pédagogiques adaptés et un besoin d’accompagnement dans la gestion des élèves en situation de handicap au sein de leur classe.
Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé pour la rentrée 2025 un renforcement de la formation initiale et continue sur le sujet, avec la création de modules spécifiques et des formations en lien avec les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH).
Un bilan contrasté et des défis à relever
Vingt ans après la loi de 2005, l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap a connu des avancées significatives, mais de nombreuses lacunes subsistent. L’augmentation du nombre d’élèves scolarisés en milieu ordinaire témoigne des progrès réalisés, mais le manque d’accompagnants, l’accessibilité encore incomplète des établissements et l’absence de formation approfondie pour les enseignants constituent des obstacles persistants.
Si les annonces budgétaires récentes laissent espérer des améliorations, les associations et les professionnels du secteur restent vigilants quant à leur mise en œuvre effective et à leur impact réel sur le quotidien des élèves concernés.
Plus d’infos ℹ️ :
- Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances
- Inclusion scolaire des élèves handicapés : des progrès à faire
- École inclusive | éduscol
- Cour des comptes - Rapport sur l’école inclusive
Écrit par Laure ROUSSELET
*Source image: Banque d'images libre de droits - CANVA
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